Chronique de Christian Cadoppi
Le saviez-vous ?
Charles Aznavour

« Pourquoi les producteurs ne remettraient-ils pas au goût du jour des spectacles variés, originaux ? Prenez l'Opérette, spectacle complet par excellence, où les chanteurs sont aussi acteurs et danseurs. Voilà une bonne manière de stimuler la créativité de notre monde artistique ! [...] L'Opérette permit au public de découvrir certains grands de la chanson : Georges Guétary, Luis Mariano, Annie Cordy, et même plus tard Bourvil. Fini ce temps-là. [...] Une salle dédiée aiderait au renouveau du genre. Le public retrouverait la saveur des années Mariano, quand les familles allaient le dimanche au théâtre, goûtaient au rire bon enfant, à l'émotion, à la découverte, et ressortaient avec des refrains pleins la tête. [...] Il y a certainement beaucoup de chanteurs qui aimeraient se produire sur scène en tant qu'acteur. L'Opérette le leur permettrait ». 

 

Charles Aznavour

Extrait de « D'une porte l'autre », Don Quichotte éditions 2011

Document vidéo inédit (Télévision Suisse)

Le 13 août 1960, le journaliste Maurice Huelin réalisait l’interview de Luis Mariano pour l’émission "Le Régional" à la télévision suisse.


Très à l’aise devant la caméra, Luis Mariano évoque son enfance, sa carrière dans l’opérette et au cinéma.

 

Il évoque également qu'il est un peu lassé par son image de chanteur de charme, qu'il souhaiterait notamment obtenir des rôles plus consistants au cinéma, et freiner le rythme de ses voyages.

 

Vidéo 12 min.

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« Regards » et... « Luis Mariano »  !

 

« Regards » est le titre mythique d'un magazine de la presse française fondée en 1932. Hebdomadaire de sensibilité communiste, il aura été le précurseur engagé du photoreportage avant « Life » et « Paris-Match ». 

 

L'exemplaire présenté ici – et sur lequel apparaît Luis Mariano en couverture – date du 12 mars 1948. Une petite curiosité qui en fait une sympathique coïncidence avec le titre actuel de mon livre.

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Moulages des mains et du visage


Fabrication des moules en plâtre.

 

Après avoir gravé sa voix sur disques pour la postérité, Luis Mariano immortalise ses mains et son visage dans le bronze. Ces moulages de plâtre furent réalisés au tout début des années 50, époque où Luis Mariano était en pleine gloire.


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À l'entrée du bourg d'Arcangues fut inauguré, le 12 août 1974, un buste de bronze à la mémoire de Luis Mariano. Aujourd'hui, il est possible d'admirer cette sculpture à l’intérieur de l'Office de Tourisme du village, situé tout près du cimetière où repose le chanteur. Ce buste est l'oeuvre du sculpteur Paul Belmondo. Dans la boutique de l'Office, le visiteur peut acquérir toutes sortes de souvenirs à la gloire du ténor (cartes postales, affichettes, portes-clés, magnets, livres, cédéroms audios et audiovisuels...). 


Office de Tourisme d’Arcangues

Place du bourg – 64200 ARCANGUES

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La famille Gonzalez encadrée

 

Cet immense tableau fut réalisé en hommage à la famille de Luis Mariano en l'associant ici à sa réussite. Il trônait dans le grand escalier du hall de la villa du Vésinet, puis il surplomba l'escalier du grand salon du chalet d'Arcangues "Mariano Ko Etchéa". Il fut exécuté en 1952 par un ami d'Irún de Luis Mariano, le peintre Enrique Albizu (1926-2014) dans un style un peu baroque à la "Vélasquez" de la plus parfaite représentation de l'art emblématique espagnol. Cette grande toile met en scène, de gauche à droite, Mariano Gonzalez, le père, assis dans un fauteuil et vêtu d'un complet sombre élégant ; Maria-Luisa, sa soeur, assise sur un accoudoir du fauteuil et habillée d'une longue robe blanche, drapée d'un châle turquoise, elle porte une coiffe typiquement espagnole montée sur serre-tête ; Luis Mariano en habit de lumière de toréador et, enfin, Grégoria Gonzalez, sa mère, en costume traditionnel andalou, la tête couverte d’une mantille en dentelle.

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Le Conservatoire de Musique


On ne doit pas oublier que Luis Mariano avait toutes les qualités vocales requises pour entreprendre une grande carrière lyrique et celui que l'on avait surnommé si justement le Prince de l'Opérette aurait pu parfaitement, grâce à ses dons exceptionnels, devenir également, si son destin le lui avait permis, un Prince de l'Opéra. Prédestiné à l'art du chant lyrique — grâce à sa voix déjà remarquable qu’il n’a pourtant pas encore vraiment travaillée —, le jeune Mariano González se présente au concours d'entrée du département Chant et Art lyrique du Conservatoire de Musique de Bordeaux. Le jury est convaincu. Mariano est admis et fait son entrée au Conservatoire de Musique le jeudi 7 décembre 1939, au numéro 124 de la rue de la Trésorerie (actuelle rue du Docteur Albert Barraud), comme élève dans les classes de chant et solfège, section Art lyrique. 

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Théâtre et Opérette


Dans l'Opérette, ce sont, la plupart du temps, les ténors qui donnent tout son caractère à ce spectacle. Prenez Luis Mariano, par exemple, il a toujours été un véritable héros de l'Opérette, un modèle et même son prince. Gentil, séduisant, courageux, honnête, une voix sublime, bref un être sans véritable défaut.


L'Opérette restera à jamais la principale activité de Luis Mariano et les scènes des Théâtres Lyriques parisiennes, les principaux lieux de cette activité. Mariano disait : « L'Opérette, c'est plus sûr pour moi, c'est beaucoup plus mon métier que le music-hall ». Il préfère le théâtre par-dessus tout, il aime son odeur, les changements de décor, les costumes et le contact direct avec le public. Cette scène faite de planches de bois est son habitacle professionnel, sa raison de vivre. Rien, pour lui, ne peut remplacer la vaste scène d'un vieux théâtre lyrique. Le Théâtre du Châtelet, qui fut le temple de l'Opérette à grand spectacle est l'un de ceux-là. L'Opérette est pour lui une activité polyvalente, un spectacle complet par excellence qui associe différents genres artistiques : il chante, il joue et il danse. De 1945 à 1970, Luis Mariano créa neuf Opérettes. Huit en France, à Paris, dont quatre au Théâtre du Châtelet. Une en Espagne, à Madrid. Et une seule n’est pas de Francis Lopez. À Paris uniquement, avec ses Opérettes, Luis Mariano totalisa plus de 4000 représentations, tous théâtres parisiens confondus. 

 

Photo : Plaque commémorative inaugurée au Théâtre du Châtelet le 11 décembre 1999 à l'initiative de l'Association du Souvenir à Luis Mariano.

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Le Club Luis Mariano


Le « Club Luis Mariano » était un fan-club qui rassembla des milliers d'admirateurs et d'admiratrices. Il fut fondé en 1946. Le Marianisme était né. Deux ans après, Mariano totalise environ 6 000 membres homologués sur le fichier de son Club et plus de 16 000 en 1953. L'Association fêtera son 20 000e adhérent en juin 1955, environ 24 000 au début de l'année 1958, pour atteindre plus de 33 000 membres vers le milieu des années 60. 

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Avalanche de lettres


L'engouement pour Luis Mariano est phénoménal. Chaque matin, une véritable avalanche de lettres arrive au numéro 86 du boulevard Carnot au Vésinet. Dans les années 50, il recevait en moyenne entre 250 et 300 lettres par jour et environ 1500 le jour de son anniversaire. Un record en 1953 : plus de 300 000 lettres reçues en une année, après la sortie en salle de Violettes Impériales. Mariano doit engager trois secrétaires pour dépouiller son courrier. Il prenait soin de sélectionner les plus intéressantes et le courrier qu'il conserva au début remplissait à ras bord une immense panière en osier. Neuf lettres sur dix étaient des déclarations d'amour. Des lettres, très souvent, de plusieurs pages, les unes parfumées, les autres illustrées de dessins ou accompagnées de fleurs séchées. Vers 1965, il possédait plusieurs millions de missives.

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Tout sur sa date de naissance

 

Programmez ci-dessous, la date de naissance de Luis Mariano et vous trouverez toutes les informations concernant son jour de naissance, le calendrier du mois de sa naissance, son signe du zodiaque, sa planète, sa couleur ainsi que son chiffre porte-bonheur. Vous pouvez, bien sûr, l'utiliser pour vous même. 

Pour rappel, Luis Mariano : 13 août 1914


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Première carte d'identité professionnelle 


Sa première carte d'identité professionnelle sur laquelle apparaît son nom d'artiste : Luis Mariano. Ce pseudonyme, né en décembre 1943, était composé de son prénom usuel Mariano et de Luis qui est la forme masculine de Luisa, issue du prénom composé de sa soeur Maria-Luisa. Son premier pseudonyme de scène fut « Mariano González de Uranzu » et utilisé quelque temps durant les années 1942–1943. Le nom « Uranzu » désigne la seconde partie de l'ancien nom de la ville d'Irún au Moyen Âge : « Irún-Uranzu ». 

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L'amplitude vocale

 

Luis Mariano était un ténor de demi-caractère doté d’une voix exceptionnelle et surtout d'un instinct vocal extraordinaire. Une voix d’une grande pureté, lumineuse et parfaitement placée. Son timbre était unique et reste inégalé aujourd’hui encore. À l’apogée de sa carrière, Mariano pouvait jongler avec les notes sur une échelle qui partait du do grave au contre-ré bémol aigu (tessiture : do2–do#4) qui représente une amplitude de 2 octaves + un demi-ton. 


Nota : Dans le livre « Regards sur Luis Mariano », un chapitre complet de dix pages est entièrement consacré à sa voix. 

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Première caméra amateur

 

Attiré par le cinéma amateur, Luis Mariano fit l'acquisition en 1948 d'une caméra 16 mm de la marque Paillard Bolex  modèle H16 de fabrication suisse. Il utilisait des films 16 mm Kodak en couleur (bobines de 30 m). Il employa cette caméra pour la première fois au printemps 1948, entre les séquences du tournage du film Fandango pour réaliser un reportage « souvenir » du film. En effet, il s'improvisait souvent comme cameraman, filmant tour à tour ses partenaires et les techniciens de la production. À compter de cette date, il filmera toujours tous ses voyages, en tournées, sur les lieux de tournage et diverses scènes privées du Vésinet et d'Arcangues. Ensuite, lorsque Patchi Lacan entra au service de Mariano, ce sera lui qui, le plus souvent, aura en charge de faire tourner la caméra. Au total, c'est un peu plus de 15.000 mètres de film couleur (environ 500 bobines) qui furent utilisés au cours de sa vie.

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La lettre du Président de la République


Une lettre signée de l'un de nos plus grands hommes de notre Histoire et adressée à l'un de nos plus grands artistes. Le 1er juillet 1968, Luis Mariano est invité par le général de Gaulle au Palais de l'Élysée pour la grande réception annuelle des artistes. Très honoré, Mariano remercia par écrit le Président de la République. Deux jours après, le général de Gaulle lui adressa une lettre autographe dans laquelle il lui déclare être très admiratif de son talent.

 

Victime d'une rupture d'anévrisme, le général de Gaulle disparaitra 4 mois après Luis Mariano, le lundi 9 novembre 1970.

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Point Km 0 : « Irún Luis Mariano »


Par définition, le « point zéro » ou « kilomètre zéro » est l'emplacement exact depuis lequel les distances routières sont traditionnellement calculées. Tous les chemins ne mènent pas forcément à Rome, mais aussi à « Luis Mariano » ! En effet, le 5 juin 2009, une statue de bronze de Luis Mariano fut inaugurée à Irún, sur la grande place de l'avenue Paseo de Colón, au coeur d'une zone verdoyante baptisée « Jardines Luis Mariano » (Jardins Luis Mariano). 

 

Cette statue se trouverait juste sur le point du kilomètre zéro de la ville natale du grand artiste. C’est donc à cet endroit précis que sont mesurées toutes les distances exprimées au départ d'Irún. 

 

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Premier vidéoclip

 

Le Scopitone est un court métrage musical 16 mm de très courte durée (3 à 4 minutes), l'ancêtre du vidéoclip. Ce procédé – qui vit le jour au tout début des années 60 – désignait aussi bien l’appareil (sorte de juke-box vidéo) que la bobine de pellicule 16 mm en couleurs qui l'alimentait. Les techniques de fabrication furent mises au point par l'ingénieur Frédéric Mathieu et l’appareil fut présenté pour la première fois au salon de Paris le 24 avril 1960. L'appareil audiovisuel contenait, généralement, trente-six petits films musicaux qui furent projetés dans certains lieux publics, comme les bars et autres bistrots, détendeur d'une licence d'exploitation de la Société Cameca. La synchronisation du son et de l'image était réalisée à partir de l'enregistrement sonore sur disque (play-back). Le son était enregistré ensuite sur la piste magnétique du film. La plupart des réalisateurs de ces clips musicaux venaient du monde cinématographique. Alexandre Tarta réalisa les premiers Scopitones, suivi – entre autres – d'un débutant, Claude Lelouch. Luis Mariano fut l'un des premiers artistes à se prêter à cet exercice, mais il ne tourna qu'un seul et unique film Scopitone, intitulé Amour je te dois (Musique de Robert Gall et paroles de Pierre Dorsey). Le tournage eut lieu aux Studios Éclair à Épinay-sur-Seine au mois d'octobre 1960. L’ère du Scopitone prend fin en 1974. 

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La Rolls Royce

 

Luis Mariano portait beaucoup d'intérêt pour les voitures, mais ne conduisait jamais. Trop nerveux et distrait, il se considérait comme n’étant pas très doué en la matière.

 

Au mois d’août 1963, Mariano fait l'acquisition d’une Rolls Royce berline Silver Cloud III gris métallisé. La somptueuse voiture est, de temps en temps, encore visible de nos jours. Elle appartiendrait vraisemblablement à un collectionneur béarnais en retraite qui l'exposa lors de diverses expositions de voitures de collection et de prestige qui sont organisées par les Clubs Rotary, Lions Clubs ou encore à Navarrenx dans le cadre du Mondial Auto de Navarre en 2009 et 2010.  

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Dessinateur et peintre


Ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, Luis Mariano n'abandonna jamais le dessin et la peinture. Nombreux sont ses croquis et autres dessins réalisés à la mine de plomb, aux crayons de couleur ou au fusain. Il dessinait admirablement et peignait également des huiles sur toiles de paysages qu'ils exposaient de temps en temps dans des expositions d'Arts. En vacances, durant ses loisirs, au Vésinet, à Arcangues ou à Marbella, son chevalet, sa palette et ses pinceaux étaient toujours avec lui. Il réalisait des aquarelles, des gouaches, des portraits de femmes à la sanguine, mais surtout il peignait à l'huile des tableaux aussi divers que : sa villa du Vésinet, le petit village pittoresque de Sare, sa villa andalouse de San Pedro de Alcántara ou encore le village et le clocher de Tolox près de Malaga. Il eut l'occasion d'exposer ses tableaux au Salon des Artistes Indépendants. Après sa mort, ses oeuvres furent régulièrement exposées au Salon des peintres du spectacle, organisé par l'Association Charles Bassompierre.

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Première trace sonore  

 

Le long métrage d'animation de Walt Disney, Blanche Neige et les Sept Nains, sort en France le 4 mai 1938. Le succès du film est tel que les chansons du film sont aussitôt adaptées sur disque phonographique. C'est la chanteuse Elyane Célis qui – pour uniquement l'enregistrement du disque – fut la voix française de Blanche-Neige. En ce qui concerne les voix des célèbres nains, on fait appel à quelques choristes de la formation basque Eresoinka. Parmi ces voix était présent le second ténor du chœur, un certain Mariano Gonzalez. C'est donc lui qui exécuta avec beaucoup de brio le fameux et difficile Yodel du nain soliste dans la chanson La Tyrolienne des nains. Cette manière très particulière de chanter est issue du chant montagnard suisse et autrichien. Le jeune Mariano s'illustra fort brillamment avec ces acrobaties vocales qui consistent à chanter en vocalises, alternant, sans transition, de la voix de poitrine à la voix de tête et vice versa. L'enregistrement eut lieu à Paris le 21 juin 1938 dans les studios de la firme Columbia France. Ce mémorable passage aux studios donna naissance à un album composé de deux disques 78 tours 25 cm, intitulé L'Histoire de Blanche-Neige et les Sept nains [Gramophone/La Voix de Son Maître références SP.1–SP.2, matrices OLA 2782–2783–2784–2785]. Ainsi, cette incursion vocale aux accents « tyroliens » restera historiquement les tout débuts de la carrière phonographique de Mariano.

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Photo : Francis Lopez et Luis Mariano

Toujours auprès de Luis Mariano


C'est en 1945 que Luis Mariano devait faire la rencontre certainement la plus importante de sa fabuleuse carrière. Cette rencontre « historique » aura lieu avec un personnage dont le nom restera pour toujours indissociable à celui de Mariano : Francis Lopez. Cette association va les unir étroitement durant vingt-cinq ans de succès en succès pour la plus grande joie du public. Brillant mélodiste autodidacte, Francis Lopez était doué d’une étonnante intuition mélodique, un don inné de la chanson populaire aux rythmes teintée d'exotisme qui faisait rêver. Tout cela associé au sourire lumineux et à la voix éclatante de Mariano, on réunissait là tous les ingrédients qui feront les plus grands succès aussi bien de Francis Lopez que de Luis Mariano. En effet, si Mariano pouvait être redevable à Francis Lopez de son triomphe dans l'Opérette, ce dernier – qui composa la plupart de ses Opérettes – n'aurait vraisemblablement pas connu lui-même un équivalent succès, s'il n'avait pas croisé le chemin de Mariano. Le compositeur trouva en Mariano un interprète idéal, pour ne pas dire « l'interprète » idéal, car les performances vocales du ténor correspondaient exactement à la musique qu'il avait envie d'écrire. Francis Lopez, roi incontesté de l'Opérette française de l'après-guerre, s'éteint à l'âge de 78 ans le 5 janvier 1995. 


En 2016, nous fêterons le centième anniversaire de la naissance de Francis Lopez.

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Luis Mariano possédait une magnifique collection de maquettes de bateaux à voiles. Ce sont de superbes reproductions de caravelles, de galères dont certaines avaient été confectionnées spécialement pour lui. 

L'Opérette à grand spectacle "Le Secret de Marco Polo" fut présentée au public le 13 décembre 1959 au Théâtre du Châtelet à Paris. La dernière représentation parisienne fut jouée le 21 octobre 1960 après 366 représentations (cinq cent mille entrées).

Tout est à la démesure dans cet ouvrage, presque comparable à un Opéra-Comique et dans lequel Luis Mariano incarne un des plus célèbres explorateurs de l'Histoire : Marco Polo. L'Opérette est un déploiement de luxe et de splendeur et jamais une telle perfection n'avait été atteinte au Théâtre du Châtelet. Une fresque lyrique et épique dans laquelle la performance de Luis Mariano s'apparentera véritablement à un exploit. "CAVALIERS", air célèbre - et sublime final du premier acte - en est un exemple. L'exercice est difficile et exige beaucoup d'effort, mais Mariano interprète ce morceau de bravoure avec une extraordinaire maestria. Marco Polo se prépare à conduire une troupe de cavaliers mongols au combat. Il appelle ses partisans aux armes : juché sur un cheval et habillé d'une lourde cuirasse noire et or, il surgit du fond de l'immense scène en poussant un contre-ut à pleine voix. Ensuite la tessiture, située en permanence dans sa partie la plus haute, s’attarde longuement sur la quinte aiguë et se termine encore par un contre-ut. Ses aigus éclatent et volent très haut sans discontinuer et cette prouesse vocale sera particulièrement applaudie à toutes les représentations.

Après les représentations parisiennes, il était de tradition d'entreprendre une tournée en France et en Belgique avec l'Opérette. En revanche, ce spectacle étant considérable tant sur le plan de la figuration, du matériel et des décors, il était impératif de produire l'ouvrage uniquement dans de grands théâtres, dotés de vastes scènes. Et la première représentation provinciale eut lieu à l’Opéra de Lyon le 21 décembre 1960 ( Photo, ci-dessus, où l'on voit Luis Mariano sur son cheval et interprétant "CAVALIERS" !).

Luis Mariano dans le film "Violettes Impériales".
Ce superbe film est sorti en salle au mois de décembre 1952. Au Box-Office France, il fit: 8 125 766 entrées (placé en 2e position des films sortis en 1952). Considéré comme un film culte par les "Marianistes", le succès du film fut considérable et sans nul doute le meilleur film de Mariano, tant sur le plan du scénario, de la réalisation, de la composition de l'image que pour son jeu d'acteur. Mariano est alors à l'apogée de sa carrière. (cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Voici, dans cette petite vidéo, un extrait du long métrage La route du bonheur, film musical à sketches qui sortit en salle à Paris en 1953. Dans ce film, Luis Mariano fait une seule (mais brillante) apparition dans son propre rôle en interprétant une chanson : La valse mexicaine, signée Francis Lopez. Il chante - avec élégance et brio - cette chanson à la fin du film sur la scène du Châtelet en smoking noir queue-de-pie, noeud papillon blanc et haut-de-forme, les 45 premières secondes, puis dans un superbe costume mexicain finement brodé et blanc, le reste de la chanson.

 

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Photo : Luis Mariano dans le rôle de Pedro Garat

Pedro GARAT, un autre basque à la voix d'or !

 

Ce n'est pas par hasard que le grand Sacha Guitry – pour les besoins de son film Napoléon (tourné en 1954) – fit appel à Luis Mariano pour tenir le rôle de Pedro Garat, ténor du Directoire et de l'Empire, et dans lequel il interprète magnifiquement Plaisir d'Amour, l'immortelle romance tirée du poème de Claris de Florian (1755 – 1794). 

 

Pierre-Jean Garat, dit Pedro, naît à Bordeaux le 26 avril 1762. Aimant à se faire passer pour un Basque, Pedro Garat laissait croire volontiers qu'il était originaire d'Ustaritz, au Pays Basque (son père et toute sa famille étaient d'Ustaritz). Très jeune, il se consacre à la musique et chante dans une chorale. À 20 ans, il monte à Paris pour étudier le droit, mais il préfère se perfectionner dans l'art du chant. Il était doué d'une voix exceptionnelle et devint l'un des chanteurs les plus célèbres de son temps. Sa voix – classé comme celle d'un ténor « haute-contre » – était d'une flexibilité et d'une pureté dont on ne connut point d'exemple à cette époque. Garat possédait un instinct musical merveilleux, ce qui le mettait au-dessus de tous les chanteurs. C'est la netteté de la prononciation, l'intelligence de la diction, la justesse de l'accent, un sentiment du rythme poussé jusqu'à ses dernières limites. Il se distinguera à la Cour, dans les salons parisiens, en province et à l'étranger. Il fut accueilli personnellement, avec la plus grande distinction, par Bonaparte, alors Premier Consul. Au dîner, il fut placé à côté du prestigieux chef de l'État, qui ne cessa de s'entretenir avec lui pendant tout le repas. Il chanta ensuite tout un acte d'Orphée à son illustre auditeur. De passage à Madrid au début de l’Empire, Garat constate que nulle part ailleurs il ne fut fêté comme en Espagne. Ne délaissant pas pour autant les chants de la culture basque de son répertoire, Garat – surnommé au Pays Basque le Rossignol euskarien – se rendra plusieurs fois à Ustaritz, pour chanter des airs de la montagne Labourdines. Le ténor va de succès en succès. Très vite, il sera perçu par ses contemporains comme un véritable phénomène musical. L'homme est bien fait de sa personne et son organe vocal est incomparable. Il possède une haute tessiture et une aisance dans l'aigu. D’une très grande élégance, Garat était connu pour ses cravates à la mode et pour ses gilets prodigieux. Sa popularité est immense, il devient en Europe – avec son accent chantant – le premier ténor « star » de l'Histoire de la musique. Après sa mort, dans un numéro de La France Musicale, on pouvait lire ceci à propos du ténor : « Le plus grand chanteur qu'ait eu la France et peut-être le plus étonnant qui n’ait jamais existé ».

 

Le « Garatisme » était né… 150 ans  avant  le « Marianisme » !


Pedro Garat meurt un soir d'hiver de 1823, à l’âge de 61 ans, d'une pneumonie mal soignée doublée d'une congestion cérébrale et, certainement, très affecté d'avoir perdu ses talents vocaux. Sa sépulture se trouve au cimetière du Père-Lachaise à Paris (11e division), la nécropole la plus prestigieuse et la plus visitée de la capitale. Sa tombe est rehaussée d’un monument ornementé et coiffé d’un buste en bronze, représentant le ténor.


De tout cela, que peut-on en conclure ? Très souvent, les mêmes phénomènes se répètent dans l'Histoire. Pedro Garat fut, c'est indéniable, le Luis Mariano du Paris de l'époque du Directoire et de l'Empire. Comme Mariano, il était d'origine basque, il fut un ténor exceptionnel, d'une grande beauté, et l'idole des femmes. Garat-Mariano, les mêmes exploits, la même renommée, deux destins presque parallèles.

 

                                                                                                                                            

TEXTES CHRISTIAN CADOPPI

" Le Soleil brille pour tous "
" Le Soleil brille pour tous "

"Ce que l'on fait dans sa vie résonne dans l'éternité"
"What we do in life echoes in Eternity"